De l’industrie des textiles à l’industrie de la mode
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Comment expliquer le passage, en France, d’une industrie « textile-habillement » à l’industrie de la mode et du luxe ? En cinquante ans, les groupes de luxe (LVMH, Kering, Chanel, Hermès) ont remplacé les grands groupes textiles du passé (Boussac, Prouvost, DMC, Agache-Willot/Saint-Frères). Ces grandes entreprises aujourd'hui disparues ont joué un rôle très important dans la vie du pays, mais elles ont été confrontées à une farouche concurrence internationale et n'ont pas su s'adapter à l'évolution du marché, rencontrant de très grandes difficultés et accumulant des faiblesses qui ont été révélées dès le choc pétrolier de 1973. Le textile-habillement français, qui employait 600 000 personnes avant le début des années 1970, en emploie aujourd’hui 100 000.
Ce qui a changé, c’est que les grands groupes de luxe (LVMH, héritier du groupe Boussac, mais aussi Kering) se sont adaptés à un marché mondialisé dominé par les cycles courts de la mode avec des collections sans cesse renouvelées, une montée en gamme de leur offre fondée sur la création, une importance croissante des accessoires, notamment de la maroquinerie, et une intégration de leur distribution en privilégiant les boutiques en propre.
Aujourd’hui (2021), la question d’une possible « renaissance de la production textile-habillement » (filature, tissage, ennoblissement, confection), au-delà des productions pour le luxe, se pose en France. S'il est peu probable que des relocalisations massives aient lieu, car on ne peut ignorer l'élasticité prix et par conséquent les écarts de coûts avec les pays émergents, une réindustrialisation est possible à condition d'être fondée sur une véritable proposition de valeur comme l'attestent les marques de vêtements qui valorisent le made in France et les savoir-faire ancrés dans certains territoires, mais aussi les projets de transformation industrielle du lin dont la France est le principal producteur dans le monde.