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Hommage à Farid Chenoune (1949-2024).

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Hommage à Farid Chenoune (1949-2024)

L’IFM a appris avec une grande tristesse la nouvelle du décès de Farid Chenoune (1949-2024), qui a longtemps enseigné l'histoire et la culture de la mode à l'Institut ainsi qu’à l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, école qui a fusionné avec l’IFM en 2019.

Agrégé de lettres modernes et professeur de français au début de sa carrière, Farid Chenoune enseignait également à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs et collaborait avec l’Université des Arts de Londres. Après avoir enseigné le français dans le secondaire, Farid Chenoune a réorienté sa carrière en tant que journaliste spécialisé sur la mode à Libération, désireux de combiner sa passion pour l’écriture et sa passion pour la mode, deux territoires à propos desquels il aimait citer un propos de Jean Cocteau : « qui sait écrire comme ces femmes savent coudre ? », à propos des couturières et petites mains de Dior, au milieu des années 1950 (source : Jean Cocteau, Le passé défini, éditions Gallimard).

« On n'avait jamais parlé de mode comme l'ont fait Martine Trittoleno, Farid Chenoune, Maud Molyneux, Michel Cressole, Gérard Lefort. Un mélange de culture, de méchanceté et d'humour vitriol. Le « ton Libé » sur la mode a formé une génération non seulement de lecteurs fidèles mais aussi de stylistes et de créateurs » (Christian Lacroix, cité par Sabrina Champenois dans Libé, 14 juin 2011).

Erudition, humour et élégance de la silhouette et de l’esprit sont les mots qui reviennent le plus souvent quand on évoque le souvenir de Farid Chenoune à l’IFM, où il a donné des cours et des conférences, mais également animé des ateliers de créativité comme la « Carte Blanche » avec les étudiants en management, avec Florence Müller et Arlette Barré-Despond.

Rédacteur en chef de la revue Mixt(e), Farid Chenoune a collaboré à plusieurs magazines de mode, notamment Vogue. Il a également dirigé Le Monde d'Hermès, le magazine de la marque Hermès. Plus récemment, il était membre du comité de rédaction de Modes pratiques, revue d'histoire du vêtement et de la mode créée et soutenue depuis 2015 par l’École Duperré, l’Université de Lille et le laboratoire InVisu (CNRS-INHA).

Auteur de nombreux ouvrages, Farid Chenoune avait notamment publié une histoire de la mode masculine depuis la Révolution française, Des modes et des hommes (Flammarion, 1993). Ce livre peut être considéré comme le premier ouvrage en français sur l’histoire de la mode masculine, un champ de recherches dont Farid Chenoune a été le pionnier en France. Farid Chenoune, selon Florence Müller « était l’érudit que la mode attendait pour gagner ses lettres de noblesse, pour une exploration en profondeur, elle qui a la réputation d’être si légère parce qu’elle est le miroir du quotidien. Grâce à sa vision, la mode a pris une dimension savante que peu lui avaient donné auparavant ».

Parmi les livres écrits par Farid Chenoune : Les dessous de la féminité, un siècle de lingerie (Assouline, 1998), Christian Dior (Assouline, 2007), et de nombreux catalogues d’expositions, comme la grande rétrospective sur Yves Saint Laurent au Petit Palais en 2010 après le décès du couturier (avec Florence Müller, scénographie de Nathalie Crinière). Le beau livre tiré du catalogue de l’exposition, publié aux éditions de La Martinière en 2010, a remporté le Grand Prix du Livre de Mode de l'Université de la Mode (Université Lumière/Lyon 2). Parmi d’autres commissariats et catalogues d’expositions, il y a eu notamment Le Cas du sac. Histoires d'une utopie portative (Le Passage, 2004). La plupart de ces ouvrages ont été également publiés en anglais.

Ce qui intéressait Farid Chenoune, avant tout, c’était la mode comme objet sociologique (« il aimait faire parler le vêtement », dit Florence Müller). Dans un entretien avec la revue Secousses (novembre 2014), Farid Chenoune disait qu’il « adorait mobiliser quantité de petits outils, plus ou moins théoriques, plus ou moins solides, pour éclairer cet objet ultra visible et en même temps très opaque qu'est la mode. Parce qu'au bout du compte, après en avoir parlé de mille manières, l’objet mode est toujours aussi opaque, il est toujours aussi mystérieux ; et d'une certaine manière (même si aujourd'hui beaucoup de gens pensent qu'il n'y a plus de magie), il y a cette espèce de magie qui est la magie du présent. C'est très important. Il y a le temps ; la mode c'est un filet à temps ».

Réécouter la conférence de Farid Chenoune sur le dandysme (2013)

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