La mode, une œuvre collective
En s’intéressant à la mode à travers ses savoir-faire, ce projet de recherche vise à interroger, par-delà les images et les objets finis, les différents mondes qui la composent. Reprenant ainsi une invitation du sociologue Howard Becker dans son étude sur les Mondes de l’art (1982), il s’agit d’appréhender la mode comme une œuvre collective : il y est question des grandes figures, médiatiques et charismatiques qui savent la guider, celles de ses créateurs, mais aussi de l’ensemble des acteurs qui contribuent à sa fabrication.
C’est ce processus qui mêle créativité et technicité, bien plus qu’il ne les oppose, que l’on étudie afin de saisir un ensemble de relations - entre individus mais aussi celles qui se créent avec des objets, des outils ou encore des discours.
Une « habileté dans un art quelconque »
Cette définition du savoir-faire donnée par le dictionnaire Littré en 1874 alors que les mutations industrielles ont largement redéfini les cultures artisanales, et souvent séculaires, de la mode convoque un vaste ensemble de pratiques. Le mot « art » y est encore utilisé dans son acception plus ancienne de « métier ». Mais elle rejoint déjà ce que Richard Sennett suggèrera dans son ouvrage The Craftsman (2008) : le savoir-faire tient avant tout à l’alliance singulière de concentration intellectuelle et d’habileté manuelle.
Ce projet de recherche interroge l’histoire des différents savoir-faire qui composent les métiers de la mode, depuis l’âge préindustriel jusqu’à leurs enjeux contemporains. Au gré des mutations techniques, ce sont les gestes des brodeurs ou des plumassiers, des plisseurs ou des maroquiniers mais aussi ceux des ingénieurs ou des chimistes qui concourent à leur réinvention perpétuelle que l’on s’attache à restituer.
Une thématique annuelle détermine les différents projets et séances de séminaire du projet de recherche.
En 2022 (janvier-juin), on interrogera les sources nécessaires au chercheur comme au praticien pour recomposer les savoir-faire. Sources écrites, filmiques ou photographiques mais aussi entretiens et enquêtes rejoignent cet inventaire.
En 2023 (septembre-juin), les activités de recherche de la chaire porteront sur la géographie des savoir-faire, avec une attention particulière portée aux logiques de territoires, mais aussi aux déplacements et transferts des connaissances, des matériaux et de leur artisans.