Le retour des sorcières
Céline du Chéné —
- Histoire
- Société
La sorcière a toujours peuplé notre imaginaire collectif. Son image traditionnelle, celle d’une femme diabolique à cheval sur un balai, préparatrice de potions magiques, supposée avoir une sexualité débridée, a suscité des fantasmes violents en Occident. Elle a été progressivement réhabilitée depuis le XIXe siècle, avec l’apparition d’une vision romantique dont Jules Michelet, notamment, a été le porte-parole.
Autrefois traquée et brûlée, la sorcière a changé de statut en ce début du XXIe siècle : parmi ses multiples déclinaisons contemporaines, elle incarne des identités nouvelles, autour de combats qui font d’elle non seulement une guérisseuse, une chamane néopaïenne, une magicienne envoûteuse mais aussi et surtout une figure du militantisme féministe, une activiste « queer », écologiste, opposée au patriarcat, à la mondialisation financière…
Des « witch blocs » défilent régulièrement dans des manifestations anticapitalistes ou contre la « transphobie », dénonçant par exemple la criminalisation des travailleurs du sexe, produisant des slogans comme « Ni Dieu, ni mec », « mon utérus est une ZAD » ou encore « bois mes règles »… Un féminisme « divinatoire » s’exprime à travers les œuvres d’une artiste comme Camille Ducellier.
Toute une production éditoriale et cinématographique en témoigne : la sorcière est de retour.
Céline du Chéné
Céline du Chéné (France Culture, émission Mauvais Genres), est notamment auteure d’une encyclopédie visuelle des sorcières (Les Sorcières, une histoire de femmes, éditions Michel Lafon, 2019).