La mode, liberté surveillée ?
Benoît Heilbrunn —
Si l’on porte crédit au mot de Roland Barthes selon lequel « la mode, c’est ce qui se démode », force est de constater que le postmoderne n’est résolument pas à la mode, du simple fait que ce terme introduit par Jean-François Lyotard au début des années 70 ne cesse de... ne pas se démoder. Pour autant comment peut-il nous éclairer sur l’idée de mode, voire de l’objet de mode ? Ce terme, porté sur les fonts baptismaux par les architectes désigne à l’origine le style commercial – voire populiste – qui a succédé à la grande épopée de l’architecture moderne de Le Corbusier à Wright. Cette notion ondoyante qui apparaît tour à tour sous les formes respectives et non forcément synonymes de « postmoderne», « postmodernité » et « postmodernisme » en est venue à caractériser la culture dominante de notre temps et l’horizon mental dans lequel nous évoluons. Que l’on parle de postmoderne, de surmoderne, ou d’hypermoderne, il s’agit essentiellement d’une nouvelle logique décentralisée organisant le système de production qui serait comme la deuxième peau culturelle du capitalisme.