Tensions entre mode et modernité
Nicolas Liucci —
Avec leurs prémices communes, durant la Renaissance, la mode semble avoir accompagné la modernité : tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, le renforcement de la pensée moderne sera concomitant du développement exponentiel de l’industrie de la mode, qui touchera rapidement l’ensemble du corps social, de l’aristocratie à la bourgeoisie, jusqu’au petit peuple des villes et des campagnes, qu’elle atteindra par l’intermédiaire des domestiques, des foires et des marchés. Plus près de nous encore, l’entrée dans l’âge postmoderne, âge technologique caractérisé par ses identités éclatées et changeantes, a vu l’émergence d’une mode très industrialisée, polymorphe et différenciée. Quelle est donc la nature du lien unissant mode et modernité ? Une aversion partagée pour l’immobilisme, due à la proximité des notions de progrès et de nouveauté ? La mode ne représente-t-elle néanmoins pas la négation même de la modernité lorsqu’elle s’impose au sujet comme une chose en soi ? Et si cette union n’était que le symptôme d’une certaine déroute de la modernité ?